LE PORTAIL

1538
Le portail de Poilly porte la date 1538, cette même année le pape Paul III fait signer la Paix de Nice entre François Ier et Charles Quint suite à l'entrevue d'Aigues-Mortes entre les deux souverains et le Pape. Une trêve de dix ans est conclue. Charles Quint obtient du roi de France l'autorisation de traverser cette année son royaume pour réprimer une révolte à Gand.

Dès l'abord le portail de l'église de Poilly arrête le visiteur. On constate malgré son état de délabrement actuel la finesse de son ornementation, typique du 16e siècle.
Colonnes, pilastres, médaillons des évangélistes, dais et bas-relief s’équilibrent à merveille sur les 25 m2 de sa surface.
Le portail mesure 5 m de haut et 4,25 m de large.
En son milieu, le trumeau portait la statue de saint Germain. Elle a disparu sous la révolution.

Les deux médaillons du tympan montrent saint Jean et saint Luc. Ils sont accompagnés
de deux autres situés dans les angles du fronton (maintenant leurs médaillons sont vides).
Ils répresentaient
saint Mathieu et saint Marc.

Au-dessus du fronton central, sept panneaux retraçant des épisodes de la vie de saint Germain considéré tout autant enfant du pays (il est né vers 380 à Appoigny) que patron de la paroisse.

1
Devant l' arbre aux branches duquel il suspendait ses trophées de chasse, saint Germain fait face à saint Amâtre qui lui reproche cette coutume païenne.

Germain était fils d'aristocrates. Il étudie à Auxerre ou Autun, puis à Rome, et devient un avocat réputé. Il épouse Eustachie. Il est nommé duc et gouverneur (fonctionnaire impérial) de plusieurs provinces. Germain, comme de nombreux aristocrates, chasse, et suit la coutume locale d'exhiber les têtes de ses prises en les suspendant à un grand poirier. Amâtre, l'évêque d'Auxerre de l'époque (386-416) qui voit ce fait comme une incitation à l'idôlatrie, essaie en vain de le sermonner, puis fait couper le poirier pendant une absence de Germain. Germain le menace de mort ; Amâtre se réfugie à Autun. Là, Amâtre a la révélation que Germain sera son successeur comme évêque d'Auxerre. Il demande à Jules l'autorisation de faire de Germain un clerc de l'Église, revient à Auxerre et convertit Germain, lui « donne la tonsure » .

2
La cérémonie de la tonsure.
Au centre l’évêque
et saint Germain agenouillé devant lui.

À l'approche de sa mort, Amâtre désigne Germain comme son successeur à l'évêché d’Auxerre ; une charge que Germain accepte, dit-on, contre son gré, mais qu'il assumera néanmoins jusqu'à sa mort, soit de 418 à 448.

3
La consécration de l’évêque agenouillé entre deux confrères tenant à bout de bras la mitre qu’ils s’apprêtent à poser sur la tête du saint. Un acolyte a en main la crosse bientôt remise au nouvel évêque.

4
Le départ de saint Germain vers la Grande-Bretagne.
La Grande-Bretagne était alors ravagée par les Pictes et les Ecossais.

5 La victoire de l’Alléluia.
La bataille de l’alléluia a pris son nom du cri d’alléluia que poussèrent à la fois tous les Bretons, lorsqu’en 446 ils combattirent les Pictes et les Saxons, sous les yeux de saint Germain.

Germain négocie une paix entre les villes d’Armorique (territoire situé entre la Loire et la Seine) et les Allains de la Loire (un peuple iranien qui a participé aux Grandes Invasions). Le roi des Allains l'accepte à condition que le traité de paix soit ratifié par Aetius (un sénateur romain et un généralissime de l'armée de l'empire d'Occident). Germain se met donc en route pour Ravenne, où se trouve Aetius.

6
Le voyage de saint Germain à Ravenne

À Ravenne Saint Germain prédit sa mort prochaine. Il tombe malade et demande à l’impératrice la faveur de voir son corps ramené à Auxerre. Au septième jour de sa maladie, Saint Germain rend son âme à Dieu. Nous sommes le 31 Juillet 448. Le corps est embaumé. Le voyage en Gaule s’organise.

7
Le char, tiré par deux bœufs, accompagné par deux des cinq vierges de légende (les saintes Magnance, Pallaye, Procaire, Camile et Maxime), remmenant
sa dépouille en Auxerre.

Les cinq jeunes filles choisies pour accompagner sa dépouille, éprouvées par leur voyage, meurent avant d'atteindre leur but, donnant nom aux villages de Sainte-Magnance, Sainte-Pallaye et Escolives-Sainte-Camille dans l'Yonne.

Les ornements Renaissance
La fascination de la Renaissance pour l’Antiquité se manifeste notamment par l’élaboration d’un répertoire ornemental inspiré des motifs décoratifs gréco-romains. Ces ornements adoptés au XVIe siècle, s’organisent dans une grande fantaisie pour former des combinaisons variées de guirlandes, rinceaux, festons, draperies, candélabres, éléments d’architecture et formes hybrides, mi-humaines et mi-animales, issues du bestiaire mythologique.

Hélas, les sculptures en calcaire tendre ont été
très dégradées par les hommes et par les éléments.

Voici deux autres photos d'il y a un siècle, elles ont été prises en 1918 par
le photographe Henri Deneux (1874-1969)